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22 octobre 2010

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22 octobre 2010

A comme âne

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L’âne, pauvre animal moqué, décrié, est présent parmi les animaux de mon enfance. Et pourtant il est le meilleur ami de l’homme avec le chien et le chat. Moins élégant que son cousin le cheval, il sait apaiser l’humain stressé, frottant sa tête et ses grandes oreilles contre les épaules fatiguées et tombantes de l’humain, le réconfortant et l’encourageant à reprendre son fardeau, lui qui ne rechigne pas à la besogne, portant de lourdes charges et qui pendant des lustres a tiré charrette et charrue tout en étant parfois le souffre-douleur de certains maîtres jamais avares de mauvais traitements. Son apparente indolence cache son endurance. Accusé d’être têtu il est en fait prudent et ne pose le sabot qu’en lieu sûr. Les promenades en sa compagnie deviennent un véritable plaisir. Son pas lent invite à la méditation, à la découverte et la nuit tombée ses grands yeux expressifs ressemblent à deux lanternes d’or.
Contrairement à sa réputation l’âne n’est point stupide. Il sait reconnaître le malfaisant et s’en méfie.
Par contre il prodiguera des marques de reconnaissance au maître qui s’occupe bien de lui et ne lui fait aucun mal. Aimant le picotin d’avoine, il se contente aussi d’épluchures de fruits, de légumes, d’herbe fraîche et de foin l’hiver venu.


Les citations sont nombreuses, souvent narquoises envers cet animal au service de l’homme qui ne lui en est pas toujours reconnaissant.
À Jean Lebon qui au XVIe siècle déclare « À laver la tête d’un âne, l’on y perd sa lessive », Jean de La Fontaine répond dans Le meunier, son fils et l’âne « Le plus âne des trois n’est pas celui qu’on pense.»
Buffon, quant à lui, dans son Histoire naturelle, essaie de garder une certaine raison « Ne serait-il pas plus simple, plus naturel et plus vrai, de dire qu’un âne est un âne, et un chat un chat, que de vouloir, sans savoir pourquoi qu’un âne soit un cheval, et un chat un loup-servier ? »  .
La comtesse de Ségur qui enchanta l’enfance de bon nombre d’enfants n’est tendre ni pour les ânes ni pour les humains. Dans Le général Dourakine elle assène une vérité assez dure mais tellement vraie, du moins si l’on est persuadé que le terme âne désigne aussi un imbécile : « Un âne à deux pieds peut devenir général et rester âne ». Cependant elle fait amende honorable dans Les Mémoires d’un âne, en nous contant les aventures d’un certain Cadichon, qualifie d’Âne savant : « Mon petit Maître, vous avez été bon pour moi, mais vous avez parlé avec mépris des ânes en général. Pour mieux vous faire connaître ce que sont les ânes, j'écris et je vous offre ces Mémoires. Vous verrez, mon cher petit Maître, comment moi, pauvre âne, et mes amis ânes, ânons et ânesses, nous avons été et nous sommes injustement traités pas les hommes. Vous verrez que nous avons beaucoup d'esprit et beaucoup d’excellentes qualités…Vous verrez enfin que lorsqu'on aura lu ce livre, au lieu de dire : Bête comme un âne, ignorant comme un âne, têtu comme un âne, on dira : de l'esprit comme un âne, savant comme un âne, docile comme un âne, et que vous et vos parents vous serez fiers de ces éloges. »
Mais le plus bel éloge sur l’âne est dû à un poète du XXe siècle, Francis Jammes :
« Je prendrai mon bâton et sur la grande route
j’irai, et je dirai aux ânes, mes amis :
je suis Francis Jammes, et je vais au paradis »
« Mon Dieu, faites qu’avec ces ânes, je Vous vienne. »
Le Deuil des primevères,
Prière pour aller au paradis avec les ânes
.

L’homme est en train de redécouvrir cet animal doux, placide, facile à entretenir, ne demandant que très peu d’espace pour s’ébrouer, bien que certaines personnes soient agacées par son braiement trop sonore à leur gré.
On redécouvre les promenades et les excursions à dos d’âne imitant en cela l’écrivain Stevenson. À la fin du XIXe siècle, l’auteur de L’Étrange cas du docteur Jekill et de M. Hyde pratiqua un tourisme écologique avant la lettre. Il fit le récit de ce périple dans Voyage avec un âne dans les Cévennes, publié en 1879. Cet ouvrage demeure encore aujourd’hui le livre de chevet de nombreux randonneurs et le « Chemin Stevenson » fait partie des chemins de grande randonnée le plus prisé.

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